Le confinement instauré par les autorités vise à protéger la santé de la population en limitant la propagation du coronavirus. Mais qu’en est-il de notre santé mentale ? A l’appui d’une récente étude scientifique, venez découvrir les 4 facteurs principaux de stress, les conséquences psychologiques du confinement et surtout comment y remédier.
La période de confinement est instaurée depuis le mardi 17 mars 2020 en France. Limiter la propagation du coronavirus est devenu une priorité sanitaire. Mais quels impacts psychologiques le confinement peut-il avoir sur la santé mentale ?
Une étude menée par Samantha Brooks et son équipe du King’s College à Londres fait le point. Elle comprend 24 études scientifiques réalisées dans 11 pays depuis 2003 suite aux épidémies de SRAS, MERS, grippe H1N1 et Ebola, dans l’objectif d’identifier les conséquences psychologiques de la mise en quarantaine, les facteurs aggravants, ainsi que les solutions à proposer.
4 principaux facteurs de stress en période de confinement
La durée du confinement : les études scientifiques montrent que plus la période de confinement est longue, plus elle peut être délétère pour la santé mentale. Une étude a notamment démontré que les personnes mises en quarantaine durant plus de 10 jours montrent significativement un taux plus élevé de symptômes de stress post-traumatique que ceux mis en quarantaine depuis moins de 10 jours.
La peur de l’infection : la peur d’être infecté ou d’infecter ses proches est un facteur de stress important chez les personnes en confinement, particulièrement pour ceux n’ayant pas été mis en quarantaine (les personnels soignants, par exemple).
La frustration et l’ennui : le confinement implique une absence de routine et une baisse importante des contacts physiques et sociaux. Cela provoque souvent de l’ennui, de la frustration et un sentiment d'isolement du reste du monde.
Le manque de clarté dans la communication par les autorités politiques et de santé : lorsque les informations sont confuses ou contradictoires, les citoyens ne comprennent pas l’obligation d’isolement ou de quarantaine et se mettent à imaginer les pires scénarios…
Les risques psychologiques en période de confinement
Selon les études scientifiques, la plupart des effets négatifs du confinement proviennent de l’imposition d’une restriction de liberté. La quarantaine volontaire serait, quant à elle, associée avec moins de détresse et moins de complications à long terme.
Le stress et l’angoisse :
L’incertitude face à la maladie pour soi et pour les autres, l’évolution du virus mais aussi le contexte économique et un manque de visibilité sur l’avenir peut être source de stress et d’angoisse. L’incertitude nous met face au doute et génère de la peur car elle implique un manque de maîtrise et de contrôle sur son environnement.
Quelles solutions ?
Sélectionnez vos sources d’informations. Restez informer sur l’actualité sans faire un usage abusif des médias et réseaux sociaux qui peuvent se révéler anxiogènes à long terme.
Parlez de vos craintes. Beaucoup de personnes partagent ce que vous ressentez et il n’y a pas de honte à se sentir angoissé. Parler de ce que l’on ressent aide à extérioriser et donc à se sentir plus apaiser.
Relaxez vous avec des activités apaisantes : méditation, exercice de respiration, yoga… autant de techniques qui permettent à votre corps et votre esprit de se détendre et penser à autre chose.
Consultez un psychologue : si vous vous sentez envahi par votre stress, je vous invite à consulter un psychologue pour en parler. Il vous aidera à faire le point et à trouver avec vous des méthodes qui vous permettront de vous sentir mieux. Pensez à la téléconsultation, elle vous permet de parler en toute confidentialité sans à avoir à sortir de chez vous.
L’isolement et l’ennui :
Le confinement implique d’être coupé physiquement du monde extérieur. Il peut provoquer de l’ennui et induire un profond sentiment de solitude.
Quelles solutions ?
Restez en lien avec vos proches : Que ce soit par téléphone, chat ou visio-conférence, il est important de continuer à communiquer avec le monde extérieur sous peine de se replier sur soi et d’augmenter son mal-être.
Diversifiez vos activités : c’est le moment de débuter ou poursuivre une activité que vous aimez mais que vous n’aviez pas le temps de faire jusqu’à présent : lire un livre, apprendre à jouer d’un instrument de musique, découvrir des musées en ligne… Faites jouer votre imagination !
Faites une activité physique : de nombreuses salles de sport proposent des vidéos gratuites en ligne pour aider à maintenir votre forme.
Fixez-vous des objectifs : se fixer des objectifs dans la journée ou la semaine aide à maintenir une routine quotidienne. Pas la peine de se fixer des objectifs trop grands ! L’important est qu’ils soient atteignables et non contraignants.
Frustration et colère :
Le confinement implique de la promiscuité donc moins d’espace pour soi. Le conflit peut alors éclater plus facilement avec vos proches, même si vous les aimé !
Quelles solutions ?
Autorisez-vous des temps de retrait pour vous retrouver avec vous-même : cela vous permettra de souffler et de retrouver des relations plus apaisées avec votre entourage.
Respecter votre besoin d’intimité et celui des autres : si vous êtes plusieurs au domicile, les règles habituelles sont peut-être perturbées du fait du confinement. Rappelez les règles ou inventez-en de nouvelles pour que chacun puisse conserver un moment d’intimité.
Augmentation de la consommation de produits (alcool, tabac, drogue…) :
L’ennui, le stress et l’incertitude durant une période de confinement peuvent être des facteurs d’augmentation de consommation de substance comme le tabac ou l’alcool. Il est important de rester vigilant à votre consommation car il s’agit de votre santé !
Une étude récente montre une augmentation significative des « Apéros FaceTime ». S’il est important de s’accorder de bons moments, gare aux petites habitudes qui peuvent s’installer à votre insu !
Quelles solutions ?
Repérez votre niveau consommation : est-il comme d’habitude ou a-t-il augmenté ? Tâchez de reconnaitre les moments où le manque se fait sentir et tentez de maintenir votre consommation au moins à son niveau habituel pour ne pas impacter votre santé.
Arrêtez de consommer ! Pourquoi ne pas profiter de cette période inédite pour modifier vos habitudes et les bannir définitivement ?!
Consultez un addictologue : stopper une consommation de produit peut être difficile dans certains cas. Vous pouvez vous faire aider pour ne pas être seul durant votre arrêt et bénéficier de conseils utiles.
Stress post-traumatique et dépression :
Dans certains cas, être confiné chez soi peut induire un épisode dépressif voire un trouble de stress post-traumatique : ruminations, anxiété, insomnies, repli sur soi, idées noires… Ne restez pas seul(e) face à votre mal-être.
Quelles solutions ?
Maintenez les liens sociaux avec vos proches et le monde extérieur : cela vous aidera à combattre votre sentiment de solitude et vous permettra de mettre des mots sur vos ressentis.
Soyez actif et acteur de votre propre vie : la sensation de perte de contrôle induite par les pensées négatives et l’incertitude de la situation tend à entraver votre fonctionnement. Il est important de reprendre votre vie en main, cela vous redonnera un sentiment de maitrise sur votre environnement.
Consultez un psychologue : cela se révèle parfois nécessaire pour vous aider à surmonter cette période difficile. Bien que la démarche ne soit pas simple pour tout le monde, il est préférable de consulter dès que possible au risque de laisser les symptômes s’installer. Plus tôt vous consultez, plus tôt vous guérissez ! Actuellement, de nombreux psychologues proposent des téléconsultations. Sans avoir à sortir de chez vous, vous êtes protégé du virus et vous bénéficier des mêmes soins qu’en rencontre physique.
Maintenir une activité de routine quotidienne (se lever et manger aux horaires habituels, faire une activité physique, communiquer avec ses proches, etc.) aide à maintenir un sentiment de contrôle sur son environnement et lutte contre l’ennui et l’isolement. D’après l’étude scientifique menée par le King’s College de Londres, « les avantages potentiels de la quarantaine de masse obligatoire doivent être soigneusement pesés par rapport aux coûts psychologiques possibles ». Mais, malgré l’impact psychologique globalement négatif, le confinement reste justifié dans certaines situations épidémiques : « Les effets psychologiques de la non-mise en quarantaine et de la propagation de la maladie pourraient être bien pires… ». En conclusion , restez chez vous mais prenez soin de vous !
Sciences et avenir : Coronavirus : les effets psychologiques négatifs de la quarantaine
The Conversation : Covid-19 : point par point, des recommandations d’experts pour réduire les effets psychologiques négatifs liés au confinement
The Lancet (PDF) : The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence
Va te faire suivre (vidéo YouTube) : Clinique de l’enfermement
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